

Se reconstruire après la dépendance affective: et si on commençait par s'intéresser à soi?
11 min. de lecture
Spoiler alert: S'intéresser à soi, ce n'est pas être égoïste, c'est vital.
Et si je devenais enfin celui ou celle que j'attends depuis toujours ?
Car être là pour soi, comme on a toujours voulu que quelqu'un soit présent pour nous est le premier pas vers la reconnaissance de sa propre valeur. Et enfin s'éloigner, petit à petit, de la dépendance affective en apprenant à se regarder avec bienveillance. Une bienveillance réelle et saine.
Comment passer de la peur d'être seul·e à la joie d'être avec soi?
C'est ce que nous allons voir, ensemble, dans cet article.
Guérir la blessure d'être oublié.e
La peur de se retrouver seul.e exprime souvent une blessure d'abandon encore active:
- peur intense d'être quitté.e
- sentiment de na pas être assez important.e (estime de soi)
- manque de sécurité affective
- peur de se retrouver seul.e
- manque de reconnaissance
- faire passer les besoins des autres avant les siens
- entretenir des relations toxiques ou dominant/dominé
Elle prend racine durant les premières années de notre vie lors de la construction du lien d'attachement avec les différentes personnes de références de notre entourage, voir l'article sur l'enfant intérieur.
Mais elle peut aussi être un héritage transgénérationnel (des personnes de notre famille ayant vécu ou perpétué des comportements ou ressentis d'abandon).
Beaucoup d'entre nous vivent avec, les séparations faisant partie des expériences de vie, mais dans les problématiques de dépendance affective, on retrouve souvent cette blessure au premier plan et de manière vive.

Il est parfois difficile de savoir se choisir pour cesser de courir après l'amour (ou ce qu'on croit être de l'amour), car on agit souvent avec le prisme de cette blessure qui prend nos décisions à notre place.
C'est une souffrance profonde qui impacte notre estime et alimente la dépendance: elle est le signe d'un manque affectif important.
Pour combler le besoin qui se cache derrière, il est nécessaire d'explorer ses blessures émotionnelles comme pour tendre la main à un ami en détresse.
Au moment où la tension monte en nous, posons-nous ces questions:
- Pourquoi j'agis comme cela?
- De quoi ai-je besoin dans cette situation
- Pourquoi en ai-je besoin maintenant?
C'est la première étape pour guérir cette blessure d'abandon qui régit notre vie de manière inconsciente.
Petit à petit, on ouvre la porte à une meilleure compréhension de soi pour déceler les émotions sous-jacentes qui déclenchent ces réactions.
Mais comment savoir si l'on est affectivement dépendant.e?
Vivre sous l'emprise d'une dépendance affective n'est pas toujours simple à identifier. Surtout si nous avons choisi une personne qui, inconsciemment, nous maintient dans des schémas émotionnels que notre système de croyances connaît et perpétue.
Les habitudes, saines ou pas, rassurent la partie de nous qui a peur l'inconnu: transformer ses fonctionnements et évoluer est effectivement inconnu.
Voici quelques signes qui peuvent vous mettre la puce à l'oreille:
- besoin constant d'être rassuré
- peur de déplaire
- peur de déranger
- ne pas oser exprimer ses besoins par peur de la réaction de l'autre ou de le/la blesser
- difficultés à poser ses limites
- culpabilité de la souffrance de l'autre (si il ou elle souffre c'est que je n'ai pas fait ce qu'il fallait)
- s'évertuer à faire comprendre à l'autre ce qu'il ne peut/veut pas intégrer
- attendre qu'il ou elle change
- s'oublier au profit des besoins des autres
- se sentir vidé après une interaction
- être jaloux.se des amis.es de son.sa partenaire
- réagir fortement quand l'autre sort ou fait ses activités
Autant de signaux qui méritent d'être écoutés, car ils expriment des mécanismes psychologiques et émotionnels profonds.
Dès qu'une émotion forte se manifeste ou que l'on s'efface pour autrui (voir l'article "La suradaptation, vous connaissez?") cela fait écho à une problématique intérieure, souvent ancrée dès l'enfance, qui demande à être réglée.
Lorsque l'angoisse de perdre l'autre devient le moteur de nos actions, c'est le moment d'agir pour nous-même.
C'est là que l'accompagnement trouve tout son sens afin d'aller à la racine de ses schémas et amorcer un chemin vers une relation à soi et à l'autre plus équilibrée et autonome.

Un exemple de réaction de dépendance affective:
- Lorsque votre partenaire ne répond pas immédiatement à un message. L'attente fait monter l'angoisse et les pensées s'affolent. Malgré la montée de frustration ou de colère, prenez un instant pour vous interroger : " Pourquoi est-ce que je me sens blessé.e ?", " Est-ce que je me sens rejeté.e ou ignoré.e?"
On réalise que derrière cette réaction se cache souvent un sentiment de non-reconnaissance, d'invisibilité et un besoin profond d'attention, de sécurité affective.
Comprendre cela vous permet de reconnaître vos émotions, d'adopter une posture plus douce avec vous-même en cherchant à combler ce manque par des actions bienveillantes:
- mettre des mots sur ce que vous ressentez, sans jugements
- vous permettre de ressentir ces émotions mises sous couvercle, en intimité
- exprimer ses ressentis et ses besoins avec authenticité et de manière non-violente
- ouvrir un dialogue plus apaisé avec votre partenaire, plutôt que de réagir de manière disproportionnée ou par la demande insistante.
Si, en face, les comportements inadéquats sont répétitifs, il est primordial de poser le problème à plat et de faire chacun un pas vers l'autre, en respectant les besoins des deux partenaires. Si ce n'est pas le cas, la relation est déséquilibrée et un des deux subit plus qu'il n'agit.
Lorsque le ressenti est trop douloureux ou disproportionné, il entre en résonance avec des émotions et des situations du passé.
Il est important de réactualiser les informations douloureuses pour se projeter dans un futur sain délesté d'un système de croyances inconscientes et obsolètes. Je vous invite à aller lire l'article sur la l'auto-dévalorisation: "je me sens moins bien que les autres..."

Ne plus s'abandonner pour exister
Quand une situation nous fait mal, on peut avoir tendance à se concentrer sur ce que l'autre fait ou ne fait pas.
Mieux vaut essayer de reconnaître ce qui se joue en nous à ce moment et d'agir dessus. En reconnaissant ce qui est acceptable ou pas, pour nous et pourquoi nous restons malgré les souffrances.
Où se trouve notre limite?
Agir sur soi et pour soi, là est notre pouvoir.
Comme vu plus haut, notre souffrance aujourd'hui résonnent, en réalité, avec nos douleurs non résolues.
Ce n'est pas toujours facile à entendre, je le reconnais.
Une fois le sparadrap enlevé, on peut regarder sa blessure et en prendre soin.
Alors au lieu d'essayer de se remplir de l'autre, lorsque notre coeur hurle de douleur, si on essayait de se combler avec les parties de nous-même qui nous manquent?

Déconstruire une vision du couple édulcorée pour la reconstruire de manière saine et réaliste fait aussi partie des étapes de la maturité émotionnelle. Observer, comprendre, reconnaître et accepter ce qui définit notre propre parcours.
On se libère pas à pas en s'occupant de ses douleurs une à une, pour qu'elles ne dirigent plus notre vie à notre place.
Reconstruire le puzzle de notre paysage intérieur, c'est cela que l'on appelle la maturité émotionnelle.
Nos blessures ne nous définissent pas, elles font partie de notre parcours et nous invitent à les dépasser en s'apportant enfin le soin qui nous a manqué.
Gardez en tête que l'évolution est toujours possible, peu importe ce que vous avez vécu ou ce que cette voix de la peur de l'abandon vous dit (vous savez, celle qui voit le pire partout et vous maintient dans ce que vous connaissez, même si c'est de la souffrance).
Quand on réalise qu'il est possible de se regarder avec tendresse, on comprend que l'exigence qu'on impose à l'autre est en réalité la nôtre.
J'ai longtemps voulu être choisi.e, jusqu'à ce que je me choisisse moi: je ne me suis plus jamais sentie seul.e
La personne dépendante est, en réalité, l'enfant à l'intérieur de nous...
...qui hurle pour demander de l'attention, de l'affection et de la sécurité.
En recherchant chez l'autre le moyen de combler ses manques, on reste au stade de l'enfant qui cherche de l'amour chez les personnes qui l'entoure.
La blessure étant constamment activée et c'est douloureux puisqu'on s'est créé une identité autour de cette sensation d'abandon et de peur de la solitude.

Ajoutez à cela le risque de n'être jamais vraiment satisfait.e des actions ou non-actions de la personnes que nous avons choisi pour combler ce manque et vous avez un cocktail émotionnel explosif.
C'est aussi épuisant pour l'autre qui marche sur des oeufs et peut avoir la sensation de ne jamais assez bien faire les choses. Ceci, dans le cas où il n'y a pas de rapport de domination où la peur de l'abandon peut être utilisée comme levier de manipulation.
Le cercle vicieux est en marche.
Pour en sortir, il est nécessaire qu'une des personnes prenne du recul sur le déséquilibre émotionnel de la relation, en commençant par se tourner vers soi et ses propres besoins derrière ses blessures.
"J'aimerais que ça vienne d'elle ou de lui"
Je vous comprends.
Combien de fois cette phrase a tourné dans ma tête jusqu'à ce que je me rende compte que je me condamnais à:
- attendre longtemps
- m'enfermer dans de faux espoirs, car je ne voyais pas la personne telle qu'elle était avec ses capacités, mais à travers le prisme de mes blessures et besoins meurtris.
Je mettais l'autre dans une identité/une case qui n était pas la sienne en plus de le rendre responsable de mon bonheur/malheur, mais de la manière dont JE l'avais décidé.
Vous voyez où ça coince?
Des idéaux illusoires couplés à une forme de passivité (je veux qu'il/elle fasse ceci ou cela).
Ce n'est pas une mauvaise chose de recevoir de l'amour de nos proches, loin de là, c'est même sain et participe à une relation profonde et harmonieuse, mais le déséquilibre se produit quand les efforts sont inconsciemment tournée vers cette recherche d'amour et d'attention pour combler un vide.
Lorsque cela persiste, ce trou affectif reste douloureusement vide. Au risque de devenir exigeant.e, envahissant.e et de continuer à entretenir notre mal-être, sans s'en rendre compte.
Apprendre à s'aimer pour ne plus mendier l'amour des autre

Ce vide que l'on cherche à combler
Au fond, cette sensation de trou dans le coeur ne nous est pas étrangère. Parfois on a même l'impression qu'elle a toujours été là.
Lorsque cela fait si longtemps qu'un sentiment profond existe, on peut croire qu'il fait partie de notre identité.
Et notre cerveau, aussi illogique qu'il puisse nous paraître, aime ce qu'il connait, même si c'est de la douleur. Il aura donc tendance à recourir à des stratagèmes inconscients jusqu'à nous convaincre que c'est bon pour nous de rester dans une situation, en faisant des parallèles émotionnels.
Je m'explique: c'est comme si accepter l'amour tel qu'il se présente et non pas comme un idéal que l'on s'en fait, était nouveau. Encore une fois, lorsque cela se passe dans une réelle relation d'amour et non de dominant.e/dominé.e, dans ce cas, nous ne pouvons pas parler d'amour, mais de possessivité.
L'amour que l'on cherche chez l'autre est souvent celui que l'on se refuse à soi
Lorsque les souffrances prennent le dessus, on recherche inconsciemment une autre personne, à travers notre partenaire, celle que l'on aurait aimé avoir lorsque nous en avions besoin.

L'objectif, ici, est de rétablir un équilibre dans la relation, pour apaiser à la fois son propre esprit et la relation elle-même.
Pour transformer ses exigences en demandes saines et ne plus être envahissant.e dans ses demandes et ses actions. Chaque personne à droit à son espace, c'est essentiel.
Une phase de deuil
Oser se transformer c'est aussi se rendre compte que l'on doit laisser de vieilles habitudes derrière nous.
On mue, on développe de nouvelles compétences, on assiste à des prises de consciences. Tout cela prend du temps, car notre cerveau et notre corps ont besoin de temps pour tout réajustement.
En réalité, chaque étape de notre vie s'apparente à une forme de deuil
Lorsqu'on se rend compte que l'on s'épuise à l'attendre de l'autre et qu'il est temps de commencer par s'occuper de soi, ce n'est pas facile, au début.
Surtout lorsque nous avons grandi avec le sentiment que nos besoins n'avaient pas d'importance (même avec tout l'amour parental du monde, les circonstances de vie peuvent mener l'enfant à comprendre que ses besoins ne sont pas primordiaux).
Comme toute nouvelle compétence, elle demande de la répétition. Comme une nouvelle information à intégrer là où toute notre vie on a cherché chez l'autre au lieu de chercher en soi.
Cette étape de vie nous demande d'emprunter un autre chemin
Transformer sa vision de la relation, lâcher l'illusion qui nous a accompagnée pendant toutes ces années et qui nous a fait croire que nous pouvions remplacer cette personne qui nous manque tant ou contre qui nous avons encore du ressentiment de ne pas avoir agi de manière correcte (souvent un parents ou une figure d'attachement lors de notre enfance).
Les phases de deuil sont donc normales.
C'est aussi l'occasion de mieux s'approprier son histoire et faisant les parallèles avec les personnes qui nous ont manquées ou blessées, sur notre parcours, pour les voir comme des être humains avec, eux aussi, leurs parcours et leurs blessures, et non plus comme des idéaux affectifs.
Prendre du temps pour soi et du recul du tumulte quotidien permet de se donner de l'espace.
Parfois, c'est dans le silence de l'autre que l'on peut enfin entendre ses blessures et s'en occuper avec douceur et bienveillance
Chaque part qui compose notre être, aujourd'hui (l'enfant, l'adolescent, le jeune adulte, etc.), a son lot de besoins et de douleurs. S'intéresser à soi c'est se rencontrer, s'écouter, se soigner et se découvrir enfin sous ces couches de souffrances.

On apaise la relation avec autrui, car les attentes rigides se sont envolées pour faire place à une relation où deux êtres peuvent avoir la place de vivre ensemble et indépendants.
On avance vers la maturité émotionnelle et on pacifie notre enfant intérieur.
De cette manière, nous renforçons notre confiance en nous, nous ouvrons les yeux sur nos réels besoins et pouvons prendre des décisions en tout respect de soi, même si, parfois, la relations que nous avions idéalisées doit s'arrêter pour mieux laisser la place à une autre plus juste et plus belle.
Accepter la réalité, c'est aussi mieux se respecter.
Une relation saine et équilibrée
Se tourner d'abord vers soi pour connaître ses réels besoins et ses limites est donc primordial. Vous trouverez quelques clés pour y parvenir, dans cet article.
Dès que l'on veut que l'autre personne se comporte de manière précise, nous agissons à travers le prisme de la blessure émotionnelle. Parfois il ou elle n'en est juste pas capable (son parcours étant différent et jalonné, lui aussi, de systèmes de croyances) ou ne le désire pas.
On ne change pas les gens, on apprend à voir derrière nos propres croyances
L'idéal est une quête illusoire et vouée à se perpétuer tant que l'on n'a pas fait le pas de se tourner vers soi-même pour développer, de l'intérieur, ce qui nous manque.
Comment? En commençant par:
- des paroles positives et bienveillante
- des attitudes d'affection
- reconnaître que je peux me donner à moi-même ce qui me manque
- construire la pensée d'être son propre parent bienveillant (remplacer ce que mes parents n'ont pas eu l'occasion de m'offrir)
- modifier les fonctionnements toxiques que l'on a envers nous-même (dirait-on cette pensée/cette phrase que l'on se dit souvent, à un.e ami.e?)
On construit une relation saine avec soi-même pour entretenir cet équilibre dans la relation à l'autre. On commence par soi pour aller vers l'extérieur, comme le parcours de l'enfant.
C'est pour cela que c'est tout un apprentissage.
Dès que l'on en prend conscience, la transformation peut commencer.
Pour faire de soi un refuge et non un champ de bataille.
Pas à pas, on s'apporte enfin ce dont on avait besoin en se positionnant non pas comme une victime qui subit le manque d'attention, mais comme un parent bienveillant qui se donne enfin ce que le vrai parent n'a pas été en mesure d'offrir.
Et si votre bien-être commençait par une simple question : "Comment je vais vraiment, aujourd'hui ?"
Article rédigé avec amour et passion,
merci de respecter mon travail et le temps investi, en me mentionnant.
Rasha Bachaay, votre thérapeute proche de l'humain
Vous ressentez ce type de mal-être, régulièrement ?
Je vous accompagne avec bienveillance dans la compréhension de vos blessures intérieures, pour vous aider à nourrir votre estime et un rapport apaisé à vous-même.