"Je me sens moins bien que les autres..."

28/06/2025

9 min. de lecture


"Je ne suis pas à la hauteur", "Je suis nul.le", "Les autres réussissent mieux", "Elles.ils valent mieux que moi".

Ces pensées vous semblent familières ?

Elles résonnent chez beaucoup des personnes que j'accompagne, souvent comme une rengaine discrète, mais tenace.

Car derrière ces mots cachent des messages profonds, souvent inconscients, sur notre rapport à nous-même, à notre histoire et à notre propre valeur.

La bonne nouvelle? Cette comparaison incessante n'est pas une fatalité.

Embarquez avec moi pour explorer, ensemble, pourquoi nous ressentons cela, comment ces sentiments affectent notre santé émotionnelle, parfois même physique, et surtout, comment retrouver un équilibre intérieur.


Quand nous regardons, en silence, notre propre vie défiler avec un goût d'insuffisance


Dans un monde où la compétition, les réseaux sociaux et les réussites des autres sont constamment mis en avant, il est facile de se sentir inférieur.e, dépassé.e ou incompétent.e.

Ce sentiment de dévalorisation touche à la fois l'estime de soi (la valeur que nous nous donnons), la perception de notre identité, et le lien que nous entretenons avec notre propre histoire affective.

Mais pourquoi certaines personnes sont-elles moins touchées que d'autres?

Premièrement, elles peuvent PARAÎTRE moins touchées, mais leur monde intérieur dévoile un autre discours. Voir l'article sur les hypersensibles.

Deuxièmement, dans le silence des moments de solitude, nos coeurs ont subi des parcours différents qui façonnent notre rapport au quotidien et la manière dont nous sommes touchés ou influencés par les messages que nous percevons.

Certains.es hurlent plus que d'autres ces ressentis qui les emprisonnent, inconsciemment, dans une position de victime qui a le sentiment de subir son existence, tant qu'ils ne les conscientisent et n'agissent pas pour renverser la vapeur.


Le complexe d'infériorité ou quand la blessure de rejet se manifeste


"Je vaux moins bien que toi", "tu ne fait pas attention à moi", "tu me prends de haut", "Je me sens petit-e, comme si j'avais moins de valeur que toi, comme si je ne valais rien". Et sans valeur nous n'existons pas.

Autant de pensées qui nous renvoient à la sensation d'être exclu.e du gang de celles et ceux qui réussissent. Apparaît, alors, la notion de rejet avec le sentiment que l'on ne veut pas de nous.

Sans valeur, nous ne sommes pas importants.es, nous n'existons donc pas aux yeux des autres, et surtout de nous-mêmes. Ce discours peut tourner dans notre tête lorsque la blessure de rejet est activée.

La rage, la tristesse ou l'état dépressif qui suivent résultent du pouvoir que l'on met dans les mains de l'autre pour déterminer si nous valons la peine ou pas.

Un tableau a de la valeur, un vase, un objet, mais surtout un être humain. Cet ami qui compte pour nous et qui vaut plus que nous.

Comme si nous quantifiions, inconsciemment, la valeur de chacun.e alors qu'en réalité, elle existe bel et bien et personne ne peut la modifier, contrairement à l'objet.

C'est notre regard à travers nos lunettes biaisées, car influencées par notre propre prisme, qui donne l'illusion de modifier notre valeur. Mais, en réalité, elle n'a jamais bougé.

Si nous savons, profondément, que nous avons de la valeur et que grâce à notre état vivant nous existons physiquement et moralement, l'avis des autres sur nous n'aura pas autant d'importance.

Plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas?


La reconnaissance: un besoin essentiel


 "Si tu fais attention à moi et me considères, c'est que j'existe à tes yeux".

Cette pensée est d'autant plus valable que notre degré de relation dépend du degré d'intimité ou d'attentes que l'on a envers la personne.

Reconnaître sa propre valeur cela se réapprend, se travaille, se nourrit, dans les petites actions du quotidien et avec des personnes saines autour de nous (si vous avez besoin de faire tri, n'hésitez pas!), dans les petites situations qui deviendront de plus en plus grandes, plus importantes, comme nous, comme notre estime.

Nourrir son besoin de reconnaissance c'est accueillir le désir d'être compris.e et valorisé.e, en commençant par soi: s'apporter cette précieuse reconnaissance, définir ses besoin et les respecter du mieux que nous le pouvons, cultiver des relations nourrissantes, reconnaître ses limites, etc.

Et sortir de la suradaptation (voir l'article).

Non pas au détriment de l'autre, mais pour notre bien-être.

Voici quelques questions à se poser pour amorcer le changement:

  • Suis-je vraiment moins important-te que l'autre? Sur quels critères?
  • Mes réussites sociales sont-elles les seules choses qui font ma valeur?
  • Quels sont les mots qui me viennent à l'esprit lorsque je me regarde dans le miroir? Et comment les rendre positifs et agréables?

Revenir à un discours rationnel est un bon outil lorsque nos émotions nous submergent et nous font croire à des vérités obsolètes.

Notre estime représente la valeur que nous nous donnons: c'est le socle de notre d'existence

Même certains défunts continuent d'exister dans nos pensées et dans nos coeurs, alors pourquoi pas nous?

La comparaison s'installe rapidement lorsque notre réservoir d'estime est resté bloqué sur le voyant "Presque vide"


Dès l'enfance, nous apprenons à nous situer par rapport à nos pairs : plus grand/plus petit, plus rapide/plus lent, meilleur/moins doué, plus belle/moins beau.

Mais ce réflexe, s'il n'est pas conscientisé et accompagné avec un renforcement de la sensation de valeur profonde, peut devenir un juge intérieur impitoyable. À coup d'exigences et de perfectionnisme, illustrés par une rigidité personnelle, car la moindre faille apparente nous propulse directement à un état émotionnel infantile.

Si nous montrons nos "défauts", nous risquons d'être vulnérable et de perdre nos moyens, donc d'échouer... Dans notre tête tourne la voix d'un parent exigeant (qu'ils l'aient été ou pas) qui nous maintient dans une spirale où nous luttons contre nous-même...

L'anxiété nous envahit et les réflexes d'auto-dévalorisation reviennent au galop, faisant écho à ces sensations d'être "moins" ou "pas assez" entretenues depuis l'enfance. Nous sommes souvent nos propres bourreaux.

Épuisant, n'est-ce pas?

Lorsque nous nous sentons "moins bien que les autres", ce n'est pas un simple constat objectif

C'est souvent une traduction symbolique d'un besoin de reconnaissance non satisfait, d'un sentiment d'exclusion ou d'un manque d'estime de soi.

Serions-nous aussi durs.es avec les personnes que nous aimons?


Une perception biaisée de notre valeur : quand nos blessures émotionnelles créent l'illusion


Sur le plan psychologique, cette sensation d'infériorité est souvent alimentée par le biais de comparaison sociale. Ce biais cognitif nous pousse à évaluer notre valeur en fonction de critères extérieurs : la réussite des autres, l'apparence, la stabilité émotionnelle apparente, une vie qui nous paraît parfaite, etc.

Or, cette comparaison est faussée dès le départ, car :

  • Elle repose sur des représentations partielles et idéalisées des autres

  • Elle ignore les facteurs variables et individuels comme l'histoire personnelle, les traumatismes, les blessures émotionnelles, les stratégies de survie, etc.

Chaque fois que vous vous comparez, demandez-vous :

  • Quelle part de moi suis en train de juger ? Et qu'a-t-elle besoin d'entendre?

  • Suis-je en train de me pousser vers le haut ou vers le bas?

  • Comment utiliser les qualités de l'autre comme exemple?

  • Cette personne n'a-t-elle pas des problèmes similaires aux miens?

  • Que puis-je valoriser, dans ma vie, en ce moment?

Lorsqu'une blessure émotionnelle profonde est touchée (ici la dévalorisation), l'être humain a tendance à voir la vie de manière égocentrée (je me compare à l'autre, en position inférieure ou supérieure, à travers mon propre prisme de réalité et mon propre complexe d'infériorité/supériorité).

Ce décalage entre la réalité et notre idéal fait écho à notre identité intérieure (ce que je ressens profondément) et notre identité idéale (ce que je crois vouloir être)

Se sentir "moins bien", c'est souvent porter la blessure d'avoir cru que nous n'étions pas digne d'amour ou d'être accepté tels.les que nous étions. Cela peut venir d'un contexte éducatif exigeant, de relations toxiques, de conditionnements sociaux, etc.

Dans le langage symbolique, ce manque de valeur perçu est comme un "vide" intérieur que l'on cherche à combler en s'identifiant à ce que les autres semblent posséder.

Ce vide ne peut pas être comblé par l'extérieur. Il appelle à être écouté, reconnu et réhabilité depuis l'intérieur

Se concentrer sur soi, tout en ouvrant le champ des possible, permet à la fois de prendre du recul par rapport à l'autre et de sortir de l idéalisation, qui nous maintient dans un monde imaginaire, emprisonné par des sentiments désagréables.


Ce sentiment d'infériorité n'apparaît pas par hasardil prend souvent racine dans notre histoire émotionnelle


Particulièrement dans l'enfance, là où se construisent les premières fondations de notre estime et notre sécurité intérieure.

Des contextes variés peuvent inscrire profondément la croyance que "je ne suis pas suffisant.e tel.le que je suis".

Les blessures de rejet, mais aussi d'abandon, d'humiliation, de la trahison, d'injustice, d'impuissance ou de culpabilité peuvent s'imprimer dans nos cellules.

Au point de se sentir coupable ou honteux.se d'être soi-même.

Cette culpabilité n'est pas rationnelle et puise ses racines dans:

  • regards dévalorisants
  • paroles blessantes
  • absence de validation
  • parents exigeants ou absents
  • relations familiales anxieuses ou toxiques
  • etc.

Ce n'est pas l'événement seul qui laisse des traces, mais le ressenti et l'absence de reconnaissance qui l'accompagne, comme la sensation de ne pas être "assez performant, intelligent, beau, fort, calme, sociable, etc.".

Psychologiquement, cette pensée s'ancre dans des schémas de dévalorisation qui deviennent automatiques à l'âge adulte, jusqu'à se confondre avec notre réalité.

Derrière cette comparaison, se glisse souvent une culpabilité invisible

Émotionnellement, elle est souvent le langage silencieux d'une partie de nous restée figée: la culpabilité que ressent l'enfant de ne pas avoir su correspondre aux attentes de ses figures d'attachement.

Il devient alors facile de croire que les autres ont une plus grande valeur.

Le mécanisme inconscient? Je me rends coupable de ne pas être idéal.

Et tant que cet idéal intérieur reste inatteignable, car illusoire, l'estime de soi en pâtit. Ce mécanisme s'imprime profondément en nous et peut régir notre vie, sans que nous nous en rendions compte, car il devient habituel.

Un comportement d'autosabotage peut, alors, se mettre en place:

  • Même si j'atteins ce que j'espère, l'habitude de me dévaloriser me pousse à ne pas reconnaître mes avancées et réussites pour continuer à voir uniquement ce qui ne va pas.

Nous pensons qu'il nous manque toujours quelque chose.

Ce sentiment peut traduire une déconnexion avec notre identité profonde qui n'a pas pu librement se construire, cette part qui ne cherche pas à "prouver", mais simplement à "être".

Reconnaître l'origine de cette pensée, c'est déjà amorcer son évolution.

Non pas pour blâmer le passé, mais pour réhabiliter l'enfant intérieur (voir l'article "L'enfant intérieur, mais c'est quoi? et pourquoi est-il si important") qui n'a pas reçu ce dont il avait besoin : l'assurance inconditionnelle d'avoir de la valeur, juste parce qu'il existe.


La pertinence du langage symbolique de nos émotions


D'un point de vue thérapeutique, les émotions sont des messagères du corps et de l'inconscient. Elles ne sont pas des obstacles à surmonter, mais des clés pour comprendre des besoins non comblés. Vous trouverez dans cet article quelques pistes pour se sentir aligné.e.

Lors d'une comparaison, les principales émotions qui ressortent sont la culpabilité, la tristesse, la honte, la jalousie, parfois la colère et la peur.

Par exemple :

  • La tristesse récurrente peut me montre une part de moi coincée à l'état de déception ou de deuil (du parent ou de l'enfant idéal).

  • La jalousie ou l'envie peuvent signaler un élan vital bridé : ce que je vois chez l'autre éveille en moi un potentiel que je n'ose pas encore incarner.

  • La culpabilité peut nous parler d'un conditionnement intérieur selon lequel "je n'ai pas le droit d'exister tel-le que je suis" ou "je ne m'autorise pas à faire/dire cela, même si mes intentions sont bonnes"

(Ce sont des pistes de réflexions, chaque histoire à ses spécificités, le cas par cas est essentiel dans tout accompagnement.)

Une des clés est de passer du jugement ("je suis nul.le, je ne vaux rien") à l'observation ("Cette émotion, qu'essaye-t-elle de me dire ?" "Où est-ce que je la ressens dans mon corps?").


Une approche holistique : corps, cœur, esprit


Une lecture holistique (globale) de ce comportement ne se limite pas à l'aspect psychologique. Elle invite à écouter l'ensemble de l'être :

  • Le corps : Y a-t-il une fatigue chronique, une tension récurrente, des douleurs inexpliquées ? Le corps parle souvent de ce que l'esprit refoule.

  • Le cœur : Quelles blessures affectives ne sont pas encore cicatrisées ? À quel moment dans mon histoire ai-je cru que je ne valais pas assez ? Que me disent mes émotions?

  • L'esprit : Quelle histoire tourne dans ma tête depuis l'enfance ? Qui m'a dit, explicitement ou non, que je devais être différent pour être aimé ? comment ai-je perçu que mes agissements déplaisaient ou qu'il était bon d'agir de telle ou telle manière?

Dans cette vision, l'émotion n'est pas une faiblesse, mais une porte d'entrée vers la transformation.

Reconstruire son estime, tout un chemin


L'estime de soi ne se "répare" pas d'un coup. Elle se reconstruit doucement, dans le lien à soi, dans l'accueil de ses vulnérabilités et dans la reconnaissance de sa singularité.

Vous n'êtes pas "moins bien" que les autres. Vous êtes différent·e, avec une histoire, une sensibilité, un rythme unique.

Votre valeur ne se mesure pas : elle se redécouvre, se nourrit et se célèbre.

Comme cité plus haut, la valeur de chaque personne est immuable

Dans une approche plus philosophique ou existentielle, ce sentiment de "ne pas être à la hauteur" pourrait aussi être vu comme une limite de l'illusion identitaire. Un moment où notre ressenti profond réclame une mise à jour de l'image de soi, une étape de transformation.

Une tentative de nous ramener à ce que nous avons perdu de vue: notre unicité, notre vérité intérieure, notre lumière.

Et si ce que nous ressentions n'était pas une faiblesse?

Ce sentiment d'infériorité peut alors être vu non plus comme une erreur à corriger, mais comme une invitation à nous réconcilier avec qui nous sommes vraiment.

Pour les plus philosophes d'entre nous:

  • Suis-je en train de vivre une vie qui m'honore ?
  • Suis-je fidèle à ce que je ressens, à mes valeurs, à ce qui me nourrit ?

L'appel est parfois insistant et ne demande pas qu'on en fasse plus, mais que nous soyons plus vrai.

Nourrir son estime n'est pas un luxe, c'est vital.

Se sentir inférieur n'est pas une fatalité


C'est souvent un symptôme d'une relation à soi qui demande à être pacifiée.

En nous approchant de ces parts blessées avec douceur, en leur donnant un espace d'expression, nous nous offrons la possibilité de recontacter notre potentiel.

Et rappelez-vous : vous n'êtes pas seul·e dans ce vécu.

Nombreux·ses sont celles et ceux qui, derrière un masque de confiance, partagent ce même sentiment d'insuffisance.

L'authenticité commence là où nous osons regarder nos blessures avec bienveillance

Aujourd'hui, Il est essentiel de replacer cette phrase dans une écoute profonde de soi. 

Car, au fond, la seule comparaison valable est celle entre la personne que nous croyons être et celle que nous sommes déjà.

Chaque personne mérite de se sentir bien avec elle-même, sans compétitions, ni perte de valeur.



Article rédigé avec amour et passion,

merci de respecter mon travail et le temps investi, en me mentionnant.

Rasha Bachaay, votre thérapeute proche de l'humain


Vous ressentez ce type de mal-être, régulièrement ?

Je vous accompagne avec bienveillance dans la compréhension de vos blessures intérieures, pour vous aider à nourrir votre estime et un rapport apaisé à vous-même.

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