Pourquoi est-il primordial de ralentir quand on est en hypervigilance?

06/07/2025

7 min. de lecture


Dans une société où la performance est valorisée et les émotions mises sous couvercle, notre corps peut progressivement se mettre en mode "sous-marin" concernant nos ressentis et en "vitesse maximale constante" dans toutes nos actions, durant des années.

Ralentir peut paraître contre-intuitif, voir utopique quand on est pris dans l'engrenage du quotidien. Une machine bien huilée, mais semblable à un château de carte lorsque notre corps toque, parfois très fort, à la porte de notre santé mentale et physique.

Comme lorsqu'on se suradapte (voir l'article).

Vous lisez peut-être ces lignes avec des yeux écarquillés en pensant: "Mais comment pourrai-je ralentir dans mon emploi du temps de folie!?"

Vous être au bon endroit! Je vous embarque avec moi pour décortiquer l'hypervigilance et les signes qui la caractérise, pour comprendre comment nos besoins nous parlent à travers notre corps et, surtout comment mettre en place des actions de ralentissements simple et accessibles pour enfin se sentir apaisé.

Apprendre à lever le pied n'est pas un luxe, c'est une nécessité.

Qu'est-ce que l'hypervigilance?


Aussi appelée "état d'alerte constant" ou "état de survie", l'hypervigilance est un état permanent de tension mentale et physique engendré par la recherche constante de signaux de dangers. En étant au courant de toutes les potentielles menaces qui pourraient subvenir, on se prépare constamment à réagir au pire.

Vous savez, ces personnes qui voient toujours le verre à moitié vide ou qui ont continuellement besoin de penser aux risques de chaque situation. Vous en faîtes peut-être partie? Je vous comprends, c'était mon cas pendant des années.

C'est, en réalité, un mécanisme inconscient de survie. 

Il est, bien sûr, très utile en cas de réelle menace, mais devient problématique lorsque le bouton est resté bloqué sur "activé". Il s'installe donc durablement, souvent à la suite d'un trauma, de troubles anxieux, de stress chronique.

Ce mécanisme n'est pas inné, il est la somme de nos expériences passées qui conditionnent, encore aujourd'hui, notre perception du monde. Le cerveau fait ses équations basées sur ce que l'on a vécu, ressenti, pensé et déduit.

Il traduit tout cela en mécanismes inconscients dans le seul but de nous maintenir en vie.

Nous avons toutes et tous des expériences de vie différentes, c'est pourquoi nos équations ne sont pas les mêmes, mais le mécanismes et ses symptômes sont relativement similaires pour beaucoup d'êtres humains.

Comment l'hypervigilance se met-elle en place?


Plusieurs raisons peuvent justifier l'apparition de ce mécanisme de survie, mais ce qui est sûr c'est qu'elle ne survient pas sans raisons.

Elle peut s'installer petit à petit au cours de notre vie, même durant l'enfance (voir l'article "L'enfant intérieur, mais c'est quoi? Et pourquoi est-il si important?").

Mais aussi être une empreinte génétique héritée de nos ancêtres (enfants d'immigrés, petits enfants de guerre, descendants d'ancêtre abusés ou soumis, et autres histoires inconnues).

Mais comment s'installe-t-elle?

  • Environnement insécurisant
  • Instabilité émotionnelle des figures d'attachement
  • Besoins non comblés
  • Traumas
  • Stress prolongé
  • Climat ou relations toxiques
  • etc.

Tout ce qui sera perçu comme menaçant, instable, angoissant, formera la perception que le danger peut être partout.

Le cerveau, et principalement l'amygdale qui est responsable de nos réponses émotionnelles dont la peur, apprend à rester constamment en alerte pour éviter de subir une situations douloureuse et incontrôlable.

´Étant un symptôme du stress post-traumatique, ce mécanisme de survie peut devenir permanent et envahissant.

Le danger n'est plus seulement réel, mais imaginaire et constamment anticipé. Ce n'est plus la certitude rationnelle qui entre en jeu, mais le risque fantasmé et irrationnel.

Ce conditionnement s'ancre profondément, dans l'esprit et le corps, jusqu'à perturber nos capacités de repos, de concentration, de confiance envers les autres et envers soi.

Les impacts sur notre système nerveux


Être hypervigilant.e c'est vivre avec un système nerveux en surrégime:


  • Rythme cardiaque accéléré
  • Crispations/douleurs musculaires (principalement le dos, la nuque, les trapèzes)
  • Hyperesthésie (sens exacerbés et à la fois plus sensibles)
  • Anxiété/angoisses quotidienne
  • Pensées d'anticipation envahissantes
  • etc.


Les hypersensibles (voir l'article), voient de quoi je parle.

Le corps ne se permet pas de relâcher la pression, puisqu'il a enregistré l'information qu'il devait tenir, coûte que coûte, puisque une éventuelle menace peut se trouver à chaque coin de vie.

Même si on peut, parfois, être très endurants.es et solides, cette position n'est malheureusement pas viable. À long terme, cet état d'alerte constant entretient le stress et use notre système nerveux.

Les signes d'épuisement et d'anxiété généralisée prennent, petit à petit, le dessus jusqu'à ce que le corps dise "Stop!" à travers des maux, des troubles, des maladies ou un sentiment de mal-être général.

Si vous sentez le stress monter en lisant ces lignes, c'est qu'elles font probablement écho à votre histoire et que votre système nerveux est en suralimentation.

Voici quelques comportements qui peuvent être des signes d'un état de survie permanent:

  • Capacités de concentration altérées
  • Insomnies/réveils nocturnes ou très tôt
  • Exigences et perfectionnisme
  • Contrôle excessif
  • Sursauts fréquents
  • Crises d'angoisses
  • Hyperactivité
  • Parler/bouger/faire toujours rapidement chez soi ou ailleurs
  • Odeurs corporelles soudainement plus fortes
  • Avoir de la peine à sortir de chez soi/de son lit
  • Arriver souvent en retard
  • Être à fleur de peau/avoir facilement les larmes aux yeux
  • Se sentir très vite submergé.e à chaque nouvelle tâche
  • Se montrer toujours souriant et constant (syndrome de la gentille fille/garçon)
  • etc.

Un besoin fondamental dissimulé derrière l'état d'alerte


Si on pense le problème dans l'autre sens, on peut se poser la question suivante: pour quelle raison mon corps a-t-il besoin de mettre en place l'hypervigilance?

Pour combler un besoin affectif essentiel: le besoin de sécurité.

Lorsqu'on a jamais vraiment appris ce que c'était que de se sentir en sécurité (et je ne parle pas seulement de sécurité physique, mais aussi de sécurité affective, coucou les parents des années 80 et antérieures), il peut être difficile de savoir quel est ce ressenti.

Pour certaines personnes, leur parcours leur a enseigné que s'ils baissaient leurs gardes, le pire pourrait se passer.

Le cerveau fait donc très bien son job qui est celui de nous maintenir en vie: "Si tu restes en alerte, tu pourras voir venir le danger et ainsi mieux te protéger, peu importe si c'est épuisant, il faut rester en vie".

L'hypervigilance devient donc une stratégie de protection activée en permanence, une forme de contrôle pour éviter de souffrir, sans jamais combler cette sécurité essentielle à notre bien-être.

Anticiper l'avenir ou ressasser le passé donne le sentiment d'un semblant de contrôle.

Pour pouvoir vivre avec l'incertitude, qui fait indéniablement partie de notre vie, il est nécessaire de se sentir profondément en sécurité, se faire confiance, à ses émotions, ses capacités, peu importe la situation qui pourrait se présente.

Reconnaître que cette vigilance extrême est une réponse à un manque de sécurité affective est un pas fondamental vers le soulagement. Car on ne soigne pas l'hypervigilance en luttant contre elle, mais en reconstruisant patiemment un sentiment de sécurité intérieure.

Oui, cela peut prendre du temps, mais c'est surtout possible. (Tout comme travailler sur le sentiment de se sentir moins bien que les autres, voir l'article).

Une aide thérapeutique bienveillante et appropriée rendra les choses plus faciles, car en état de survie, on a souvent beaucoup de difficulté à prendre du recul sur nos propres comportements.

La seule certitude que l'on a, c'est qu'on en a aucune.

On ne peut jamais être sûr.e de tout ce qui pourrait arriver.

On peut, bien sûr, se préparer, pour se rassurer et construire cette confiance et cette sécurité, mais de manière saine et équilibrée, non excessive et anxiogène.

Je vous invite à revenir lire ces mots après un travail thérapeutique et vous m'en direz des nouvelles.

Ralentir: la première grande étape


Pour donner l'information à notre corps que tout va bien et le reprogrammer progressivement pour qu'il réapprenne à distinguer le danger réel de l'imaginaire.

Ralentir est une étape nécessairepour ramener nos fonctions vitales à l'état de vie et non de survie.

Voici quelques pistes pour donner les signaux à nos cellules que l'on peut se relâcher:

  • Mettre des lunettes de soleil lorsque la lumière est trop forte
  • Bouchons d'oreilles réduisant le bruit ambiant et permettant les conversations
  • Musique agréable dans ses écouteurs lors des trajets en transports ou dans la rue
  • Réduire les stimuli chez soi: lumière douce, atmosphère sonore apaisante ou silence, environnement ordonné, rendre pratique le quotidien/les rangements/les fonctionnalités
  • Sortir/se lever quelques minutes plus tôt que d'habitude pour avancer tranquillement
  • Scanner régulièrement ses muscles et sa respiration pour les relâcher
  • Rassurer notre part intérieure qui a peur lorsqu'elle entend un bruit soudain/une remarque désagréable/anticipe un risque imaginaire
  • Profiter du moment présent de manière sensorielle (apprécier le paysage, sentir la texture de mes habits, penser ou sentir une odeur qui me plaît, sentir la texture de ma bouche avec ma langue, écouter les oiseaux, etc.)
  • Faire des activités qui plaisent et font du bien, sans enjeu, ni pression, seul.e ou accompagné

Quelques autres clés, pour les plus sensibles d'entre nous (voir l'article).

On apaise ainsi son système nerveux sympathique, responsable de notre état d'alerte, et active le système parasympathique, celui, entre autres, du repos et de la récupération.

Ralentir, c'est se créer des bulles de calme qui renforcent, jour après jour, la sensation de paix intérieure et qu'il est possible d'exister sans se sentir en danger.

C'est là que le rétablissement peut commencer.


Se réconcilier avec son corps et ses émotions


Si vous vous sentez en hypervigilance, ralentir n'est pas une perte de temps, mais reprendre son temps. C'est un acte de soin profond envers soi-même.

Et c'est souvent le premier pas vers une vie plus apaisée, plus libre, plus juste.

Il ne s'agit pas d'éradiquer la vigilance, mais de la transformer en conscience apaisée, en présence stable. Elle devient une compétence utile lorsqu'on en a réellement besoin.

L'hypervigilance ne touche pas qu'un aspect de notre être : elle traverse le corps, influence les pensées, affecte les émotions. C'est pourquoi la sortie de cet état constant demande une approche globale, douce et progressive.

Retrouver un rythme plus lent, gagner en qualité de vie et se rendre compte que notre temps n'en pâtit pas autant qu'on l'aurait cru, c'est s'offrir l'espace de ressentir et de vivre pleinement.

Ce n'est pas seulement un choix mental, c'est un chemin de découverte d'un apaisement sincère et de réconciliation intérieure.


Article rédigé avec amour et passion,

merci de respecter mon travail et le temps investi, en me mentionnant.

Rasha Bachaay, votre thérapeute proche de l'humain


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